Ces dernières années, la fraude au permis de conduire connaît une forte hausse en France, notamment depuis la privatisation partielle de l’examen du code de la route. Selon Damien Mascaras, secrétaire général adjoint et délégué régional des Pays de la Loire au SNICA-FO, près de 40 % des codes obtenus aujourd’hui sont frauduleux. Une situation qui inquiète, d’autant plus que les moyens de lutte contre ces pratiques restent limités. Retour sur un phénomène en plein essor et les mesures proposées pour l’endiguer.
La privatisation de l’examen du code de la route : un facteur aggravant
Des conditions de surveillance dégradées
Depuis 2016, l’État a confié la gestion de l’examen du code de la route à des opérateurs privés agréés. Si cette décision visait à réduire les délais d’attente pour passer l’examen, elle a eu des conséquences néfastes. Les conditions de surveillance se sont considérablement détériorées, ouvrant la voie à la fraude au permis. Damien Mascaras explique que les candidats sont souvent entassés dans de petites salles, avec peu d’espace entre eux et un nombre limité de surveillants. Pire encore, les contrôles d’identité ne sont pas toujours rigoureux.
En effet, les opérateurs privés, pour rentabiliser leur activité, privilégieraient parfois la quantité au détriment de la qualité. Il n’est pas rare que certains candidats échappent à la vigilance des surveillants, ce qui favorise l’utilisation de moyens frauduleux pour réussir l’examen. D’autres, complices d’opérateurs peu scrupuleux, voient leur examen validé malgré des irrégularités flagrantes.
Un cercle vicieux de la fraude au permis
À cette privatisation du secteur s’ajoute un autre facteur: la baisse générale du niveau des candidats. En conséquence, de plus en plus de personnes sont tentées de recourir à la fraude pour obtenir leur permis de conduire. Le cercle vicieux est bien installé : des candidats mal préparés, des conditions d’examen dégradées, et une tentation accrue d’acheter leur code ou leur permis. Damien Mascaras souligne que dans une société où l’on veut tout obtenir rapidement, cette situation est en train de devenir la norme.
Les inspecteurs du permis de conduire, souvent en première ligne, constatent une augmentation des cas de fraude. Des candidats qui ne maîtrisent pas la langue française ou qui présentent des documents douteux sont régulièrement repérés, mais il est difficile de prouver ces fraudes.
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Comment lutter contre la fraude au permis de conduire ?
Des moyens insuffisants pour contrôler la fraude
Bien que les inspecteurs de la sécurité routière soient de plus en plus vigilants face à la fraude au permis, leurs moyens d’action restent limités. En moyenne, chaque département des Pays de la Loire recense une quinzaine de situations suspectes par semaine. Cependant, le manque de ressources au sein des forces de police rend les enquêtes rares, voire inexistantes.
D’autre part, la validation administrative des examens en préfecture complique encore davantage la tâche des inspecteurs. Une fois validé par la préfecture, un permis frauduleux devient difficile à annuler, même si des soupçons de triche sont avérés. Face à ces obstacles, Damien Mascaras déplore un manque criant de moyens et appelle à une mobilisation plus forte des autorités pour contrer ce phénomène croissant.
La renationalisation de l’examen, une solution proposée
Pour remédier à cette situation, Damien Mascaras plaide pour une renationalisation de l’examen du code de la route. Il estime que cette mesure permettrait de mieux contrôler les conditions de passage et de renforcer la lutte contre la fraude au permis. Toutefois, un tel projet nécessiterait des embauches conséquentes : environ 75 postes à temps plein. Or, bien que l’État ait déjà montré sa capacité à recruter rapidement pour le « permis à 17 ans », il semble réticent à augmenter les effectifs pour lutter contre la fraude au permis.
Malgré tout, le SNICA-FO continue de faire pression sur les pouvoirs publics pour obtenir des moyens supplémentaires. L’objectif est de rétablir la transparence et l’équité dans l’obtention du permis de conduire, indispensable pour garantir la sécurité routière.
La fraude au permis de conduire : un phénomène inquiétant, mais des solutions restant à explorer
La recrudescence de la fraude au permis de conduire est un phénomène préoccupant qui résulte en grande partie de la privatisation des examens. Les failles dans les conditions de surveillance et la tentation croissante des candidats d’obtenir leur permis par des moyens illégaux constituent un véritable défi pour les inspecteurs et les autorités. Face à cette situation, la renationalisation de l’examen du code de la route apparaît comme une solution prometteuse, même si sa mise en œuvre nécessiterait des moyens humains et financiers d’ampleur.
Lutter efficacement contre la fraude au permis est incontournable pour maintenir la sécurité sur les routes et la confiance dans le système d’examen. Reste à savoir si les pouvoirs publics répondront à cet appel à l’action.