
Alors que la date butoir de 2035 pour la fin des véhicules thermiques en Europe approche, la route vers une électrification complète du parc automobile reste semée d’embûches. Le ralentissement des ventes de véhicules électriques en 2024, couplé aux nouvelles normes anti-pollution, plonge les constructeurs automobiles dans une situation délicate. Si l’échéance de 2035 semble incontournable, plusieurs facteurs compliquent sérieusement cette transition.
Des normes de plus en plus strictes anticipant la fin des véhicules thermiques
Le durcissement des normes CAFE
La nouvelle norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui sera en vigueur dès 2025, impose une réduction de 15 % des émissions moyennes des véhicules neufs. Les constructeurs doivent ainsi abaisser les émissions de leurs véhicules thermiques et hybrides tout en compensant ces émissions par des ventes accrues de véhicules électriques zéro émission.
Cependant, avec le ralentissement des ventes de voitures électriques observé depuis début 2024, il devient de plus en plus difficile d’atteindre ces objectifs. Cette situation pourrait entraîner des amendes très lourdes pour certains constructeurs qui peinent à respecter ces normes. Selon les prévisions, la facture pour l’industrie automobile européenne pourrait s’élever à 15 milliards d’euros, un montant inquiétant pour des entreprises déjà sous pression.
Les risques de pénalités pour les constructeurs
En mettant en place des normes CAFE en 2025, le législateur pourrait mettre fin aux véhicules thermiques et même hybrides sur le marché, car il sera quasiment impossible pour ces modèles d’atteindre les seuils exigés en matière d’émissions. Seules les ventes de véhicules électriques peuvent compenser ce manque, mais avec un marché électrique en stagnation, beaucoup de constructeurs se retrouvent piégés. Certains, comme Luca de Meo, PDG de Renault et président de l’ACEA, ont tiré la sonnette d’alarme, estimant que ces nouvelles contraintes pourraient conduire à une réduction forcée de la production de véhicules thermiques, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour l’industrie.
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Le marché des véhicules électriques en perte de vitesse
Des ventes en berne depuis 2024
Après une croissance soutenue dans les années 2020, le marché des véhicules électriques connaît un net ralentissement depuis 2024. En cause, plusieurs facteurs :
- Le prix élevé des véhicules électriques, souvent hors de portée des ménages modestes malgré les aides publiques.
- L’angoisse de la batterie à plat (ou « range anxiety ») qui freine encore certains acheteurs, particulièrement dans les zones rurales où les bornes de recharge sont moins accessibles.
- La réduction des subventions à l’achat, notamment en Allemagne, plus grand marché automobile d’Europe, où le gouvernement a supprimé les aides, ce qui a directement impacté les ventes.
Les constructeurs en quête de solutions pour se préparer à la fin des véhicules thermiques
Pour éviter les pénalités financières, les constructeurs doivent absolument relancer les ventes de véhicules électriques. Certains envisagent de réduire la production de véhicules thermiques, mais cette option comporte des risques, tant elle pourrait entraîner des pertes financières majeures. Une autre piste est d’accélérer la conversion des flottes d’entreprises vers l’électrique, un marché jugé plus stable et potentiellement plus lucratif.
Malgré ces efforts, les constructeurs automobiles peinent à s’adapter à cette transition rapide. Certains d’entre eux, avec le soutien de l’ACEA, font pression sur les décideurs européens pour obtenir un report de la date de 2035 à 2040, une demande qui reste très contestée par la Commission européenne.
La concurrence chinoise : un obstacle supplémentaire à surmonter avant de décréter la fin des véhicules thermiques
Outre les difficultés internes liées à la transition écologique, les constructeurs européens doivent également faire face à une concurrence internationale féroce. La Chine, avec des subventions massives à son industrie automobile, est parvenue à casser les prix et à inonder le marché de véhicules électriques à bas coût. Cette concurrence déséquilibrée pèse lourdement sur les constructeurs européens, déjà fragilisés par la montée en puissance des nouvelles normes et la stagnation des ventes.
L’impact des aides d’État chinoises sur les prix des véhicules électriques rend la compétition encore plus difficile pour les entreprises européennes, qui peinent à suivre le rythme tout en respectant les normes strictes de l’Union européenne. Cette situation renforce la nécessité de revoir les politiques industrielles et commerciales en Europe afin de maintenir une compétitivité durable face à cette concurrence extérieure.
Des pressions pour repousser l’échéance de 2035 prévue pour la fin des véhicules thermiques
Les négociations avec Bruxelles
Le lobby des constructeurs automobiles, conduit par l’ACEA, ne cesse de plaider pour un assouplissement des nouvelles normes ou pour un report de la date butoir de 2035. Leur principal argument repose sur le fait que la transition écologique doit être menée sans compromettre les emplois, ni entraîner une crise industrielle. En revanche, Bruxelles reste fermement attaché à l’objectif de neutralité carbone pour 2050, et considère la fin des véhicules thermiques comme un élément clé pour y parvenir.
Le débat au sein des constructeurs
Il est important de noter que, malgré la pression exercée par l’ACEA, tous les constructeurs automobiles ne sont pas alignés sur la nécessité de repousser l’échéance de 2035. Certaines entreprises, ayant déjà massivement investi dans l’électrification, préfèrent que la date soit maintenue, arguant qu’un changement de cap à ce stade pourrait freiner les avancées réalisées et rendre encore plus difficile la transition vers une mobilité durable.
Les perspectives à long terme
Les ONG environnementales en alerte
Les ONG environnementales suivent de près l’évolution du débat et s’opposent fermement à toute tentative de report de l’échéance de 2035. Elles rappellent que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des actions rapides et décisives, et que le secteur des transports est l’un des principaux contributeurs aux émissions de CO2. Elles prévoient de résister à toute tentative de ralentissement de la transition vers une mobilité propre.
Vers une relance des ventes de véhicules électriques ?
Afin d’éviter les pénalités financières et de maintenir une transition écologique conforme aux objectifs climatiques européens, il est crucial de relancer les ventes de véhicules électriques. Cela pourrait passer par des politiques incitatives, telles que la promotion des véhicules électriques dans les flottes d’entreprises, ou par le renforcement des infrastructures de recharge.
Certains experts estiment que l’adoption massive de l’électrique reste possible, mais qu’elle nécessitera des efforts coordonnés entre les gouvernements, les constructeurs et les consommateurs.
La fin des véhicules thermiques en 2035 pour laisser place aux voitures électriques reste un objectif ambitieux, mais nécessitant encore l’apport davantage d’efforts. Le ralentissement du marché des véhicules électriques, les normes anti-pollution de plus en plus strictes, et la concurrence internationale, notamment chinoise, compliquent la tâche des constructeurs automobiles européens.
Alors que certains appellent à repousser l’échéance de 2035, d’autres insistent sur l’urgence de la transition écologique. Les débats entre lobbies, institutions européennes et ONG environnementales montrent bien la complexité du défi à relever. Toutefois, relancer les ventes de véhicules électriques et repenser les politiques industrielles seront des étapes incontournables pour que cette transition vers une mobilité plus durable puisse se concrétiser d’ici 2035.